Se parler à soi-même

Une introspection sur l'ennui, le passé et la quête de soi.

Noë Charlier a publié le
5 min, 908 mots

Categories: Réflexions

Aujourd’hui, je m’arrête un instant pour me parler. Non pas simplement pour "parler tout seul", comme il m’arrive parfois de le faire distraitement, mais pour m’adresser véritablement à moi-même. Parler à soi-même, c’est un exercice différent, intime, où l’on se confronte, s’interpelle, et surtout cherche à se comprendre. Quand on parle seul, on s’égare souvent dans le vide. Mais s’adresser à soi-même, c’est se poser des questions et attendre des réponses, c’est vouloir se comprendre. Je m’adresse à moi-même en cet instant, et je cherche à capter mon attention, à éclaircir mes pensées.

L'ennui

Hier soir, sans garder de trace de mes réflexions, j’ai réalisé combien l’ennui est une composante centrale de nos vies, souvent mal comprise. L’ennui, c’est une sorte de vide intérieur qui trouve sa source dans deux états distincts : le manque d’intérêt ou la paresse. Quand on s’ennuie, c’est souvent parce qu’on n’a pas d’intérêt pour ce que l’on fait, ou bien parce qu’on manque de l’énergie ou de la volonté de faire quoi que ce soit. Alors, comment lutter contre cela ? Il me semble qu’il y a des solutions, bien que simples en apparence, mais difficiles à appliquer. Premièrement, pour combattre le manque d’intérêt, il suffit parfois de trouver un sens à chaque action. Tout ce que l’on fait peut devenir intéressant si l’on y trouve une intention. Cela ne signifie pas qu’il faut aimer chaque tâche, mais on peut se forcer à leur attribuer une utilité, un enjeu. Le deuxième ennemi de l’ennui est la paresse, cette inertie qui nous pousse à rester immobile. La clé ici, c’est l’action. Se lever, faire un premier pas, même petit, vers quelque chose de concret. Une simple impulsion peut suffire à briser la paralysie.

Mais cela ne suffit pas toujours. Parfois, la paresse persiste. Il est donc crucial de se fixer des objectifs réalisables, atteignables. Si l’objectif est trop ambitieux, on risque de se décourager. L’essentiel est de maintenir cet objectif en tête, même si l’on échoue temporairement. Ne pas courir tous les jours comme prévu n’est pas un échec. L’important est de garder l’intention vivante. Si je dis que je veux courir, peu importe si c’est demain, la semaine prochaine ou dans un mois. Ce qui compte, c’est que l’objectif reste présent, à portée de main.

La temporalité

Après avoir réfléchi à l’ennui, je me tourne vers une autre question plus existentielle : "Qui suis-je ?" Cette question, bien que simple en apparence, est infiniment complexe. Aujourd’hui, en cet instant, je m’interroge sur l’orientation que je veux donner à ma vie, à mon être. Je réalise que le passé, cette chose que l’on considère souvent comme immuable, n’est en réalité pas figé. Le passé est une construction subjective. Bien sûr, il existe une version objective de ce qui s’est passé, mais personne ne peut vraiment la saisir. Tout le monde voit le passé à travers son propre prisme, à travers ses souvenirs et ses émotions.

Ce qui est fascinant, c’est que notre vision du passé évolue avec le temps. Ce que je percevais autrefois comme une épreuve insurmontable peut aujourd’hui me sembler une leçon précieuse. Ou à l’inverse, quelque chose que je regrettais peut maintenant m’apparaître comme une bénédiction. Le passé n’est jamais vraiment fixe, il change avec nous. Cela me pousse à constamment me remettre en question, à reconsidérer mes choix et mes actions. Pourtant, il y a une résistance naturelle à cette remise en question immédiate, surtout lorsque l’ego entre en jeu. Dans une discussion, j’ai souvent tendance à défendre mes idées coûte que coûte. Mais plus tard, seul, je réalise parfois que j’avais tort ou que j’aurais dû aborder les choses différemment. C’est une leçon d’humilité.

Le mensonge

En parlant d’humilité, il me faut aussi aborder la question du mensonge et de l’omission, particulièrement dans le contexte social et politique. Être totalement honnête, c’est parfois se rendre vulnérable. Et dans certains contextes, comme la politique, l’honnêteté brute est souvent perçue comme une faiblesse. Il est paradoxal de constater que, pour parvenir à un objectif moralement juste, il faut parfois emprunter des chemins qui ne le sont pas. En politique, par exemple, le mensonge ou l’omission peuvent devenir des outils pour faire passer des idées ou pour protéger une cause. Cela me pose un dilemme éthique : jusqu’à quel point peut-on s’écarter de la vérité pour servir un bien plus grand ?

Enfin, je reviens à ce regard sur le passé. Si le passé est malléable dans notre esprit, alors il peut aussi servir de guide pour l’avenir. L’adaptation de notre perception du passé est une forme de souplesse mentale qui nous permet de grandir. De la même manière que l’on peut ajuster notre regard sur le passé, il est possible d’ajuster notre perspective sur nos objectifs futurs. Je me rends compte que mes opinions politiques, mes croyances, mes objectifs évoluent constamment, et cela ne m’effraie pas. Au contraire, c’est cette capacité à évoluer qui me définit. Je ne suis pas la personne que j’étais hier, et demain, je serai différent encore. Cette idée d’évolution perpétuelle est, pour moi, la plus proche vérité de ce que je suis.

La fin

En conclusion, cette réflexion sur l’ennui, le passé et la quête de soi n’est pas une fin en soi, mais un point de départ. Une invitation à continuer de s’interroger, à ne jamais cesser de se parler, non pas pour combler le silence, mais pour apprendre à mieux se comprendre.